Effets indésirables liés à l’antibiothérapie au cours des spondylodiscites: cohorte historique monocentrique dans un service hospitalo-universitaire

Objectif de l’étude :

Décrire les événements indésirables (EI) liés à l’antibiothérapie au cours du traitement des spondylodiscites (SDI) compliquées à pyogènes et d’étudier leurs facteurs de risque.

Méthodes :

Etude rétrospective incluant les patients présentant une SDI compliquée (immunodépression, complications locales à types d’abcès ou d’épidurite, présence de matériel) pris en charge dans le service de maladie infectieuse de la Croix Rousse (Hospices Civils de Lyon) entre 2007 et 2010. Recueil de tous les EI, dont les graves (EIG) selon la classification Common Terminology Criteria for Adverse Events 4.0. Analyse uni puis multivariée par modèle de Cox.

Résultats :

Trente-cinq femmes et 49 hommes, ont reçus une antibiothérapie d’une durée moyenne de 33 ± 24 semaines. Tous les patients ont reçus une antibiothérapie intraveineuse initiale, d’une durée moyenne de 15 ± 13 semaines et 95% une bithérapie. Quatre échecs thérapeutiques (5%) ont été observés, dont un décès lié à un EIG de l’antibiothérapie. Quarante-trois patients (51%) ont présenté un EI conduisant à une modification de l’antibiothérapie et 20 patients (24%) ont présenté un EIG. Les facteurs de risque indépendants de survenue d’EIG étaient le sexe féminin (HR, 2.717 ; IC 95%, 1.104-6.689 ; p=0.030), une infection subaiguë évoluant depuis plus de 1 mois (HR, 3.029 ; IC 95%, 1.155-7.941 ; p=0.024) et la présence d’un abcès paravertébral (HR, 2.574 ; IC 95%, 1.039-6.378 ; p=0.041). Aucun antibiotique n’était associé à la survenue d’EIG.

Conclusion :

Les formes compliquées de SDI de notre cohorte ont justifié une antibiothérapie lourde et prolongée. Le taux d’échec thérapeutique est bas (5%), au prix d’une importante toxicité. Les facteurs de risques d’EIG retrouvés sont davantage liés au terrain et la présentation clinique, qu’a un antibiotique en particulier. Au cours du traitement des SDI compliquées, il faut être particulièrement vigilant quant à la survenue d’EIG, surtout chez les femmes, en cas d’évolution subaiguë ou d’abcès paravertébral.