La prise en charge médicale consiste à traiter l’infection avec des antibiotiques, souvent administrés par voie intraveineuse initialement, puis par voie orale, le plus souvent pendant plusieurs semaines.

Cette étape fait généralement immédiatement suite à un geste chirurgical, et permet également de faire des prélèvements au niveau osseux et/ou articulaire pour identifier la bactérie responsable de l’infection.

Il est donc généralement proposé une antibiothérapie intraveineuse dite probabiliste, à large spectre, c’est-à-dire couvrant généralement la plupart des bactéries responsables d’IOA, administrée généralement sur un PICC-line (« Peripheral Inserted Central Catheter ») qui est posé en pré-opératoire ou en post-opératoire immédiat sous échographie au niveau d’un bras (le radiologue pique une veine de bon diamètre pour insérer le cathéter). Il n’y a pas de complication particulière décrite à la pose (la survenue d’un hématome est rare, la pose de PICC-line étant autorisée chez les patients prenant un traitement anti-coagulant efficace). Ce système est moins invasif que la pose de voies veineuses centrales classiques, et facilite l’administration des antibiotiques qui ne peuvent pas être administrés durablement sur petite voie périphérique. Il doit être visible sous un pansement occlusif, et peut être conservé plusieurs semaines, voir plusieurs mois.

Figure 1. Patient avec un piccline inséré au niveau du bras droit

Patient avec un PICC-line inséré au niveau du bras droit, permettant l’administration des antibiotiques par voie intraveineuse (Photo T. Ferry).

Figure 2. Diffuseur permettant l’administration continue d’antibiotique en intraveineux sur un piccline

Diffuseur élastomérique permettant l’administration continue d’antibiotique en intraveineux sur un PICC-line (Photo T. Ferry).

Au bout de 15 jours – 3 semaines après la chirurgie, un HDJ est généralement organisé pour adapter le traitement antibiotique aux résultats des cultures bactériennes. Le PICC-line est alors conservé s’il faut poursuivre un des deux ou les deux antibiotiques intraveineux, ou enlevé si l’infection peut être traitée uniquement par un ou plusieurs antibiotiques par voie orale.
Si le PICC-line est conservé de manière prolongée, ce dernier peut se boucher ou s’infecter, certains patients peuvent développer une allergie au pansement, et nous pouvons être amené à le changer.
Grâce au PICC-line, au domicile, il est souvent possible d’administrer les antibiotiques par voie intraveineuse par des perfusions discontinues (perfusions de 30 min à 4h, plusieurs fois par jour) ou par une perfusion continue (24h/24), grâce à l’utilisation de diffuseurs jetables. Les diffuseurs sont des petits contenants en plastique qui sont rechargés en antibiotique 1 ou 2 fois/j et qui peuvent se porter facilement à la ceinture.

En l’absence de PICC-line, l’infectiologue peut être amené à vous proposer d’administrer certains antibiotiques par voie sous-cutanée.Cette voie d’administration n’est pas « conventionnelle » ni considérée officiellement comme « autorisée » par les autorités de santé, faute d’études démontrant son inocuité. Cependant l’administration sous-cutanée permet d’avoir une relative équivalence au traitement intraveineux, sans utiliser de cathéter. L’antibiotique est alors administré sous la peau de la cuisse ou de l’abdomen, 1 à 2 x/j, en utilisant des très petites aiguilles, laissées en place juste le temps de la perfusion, c’est-à-dire 30 à 45 minutes. L’antibiotique, dilué généralement dans un flacon de 50 mL, diffuse simplement par gravité sous la peau. A la fin de la perfusion, une petite tuméfaction est visible, puis l’antibiotique diffuse dans l’organisme d’une manière quasi équivalente à une administration intraveineuse, et pénètre ensuite au niveau osseux, au site de l’infection. Afin de s’assurer de la bonne exposition à l’antibiotique utilisé avec ce mode d’administration original, des prises de sang réalisées avant et après la perfusion sont souvent réalisés, par sécurité, pour quantifier dans le sang l’antibiotique concerné, et pour déduire ensuite la quantité d’antibiotique qui finalement pénètre au niveau osseux.

« Perfusion sous-cutanée au niveau de la cuisse droite chez une patiente présentant une infection récidivante sur une prothèse de hanche droite (Photo T. Ferry).

La durée totale de l’antibiothérapie est généralement de 3 mois. Elle peut être plus courte (6 semaines), ou peut atteindre 6 mois, voire être plus prolongée de manière exceptionnelle. Cette durée est définie par un certains nombres de critères, notamment par le type d’infection (sur implant ou non), par le ou les germes en cause, et par le traitement chirurgical qui a été réalise. Au cours d’une antibiothérapie, 15% de nos patients développent un effet indésirable « grave », pouvant nécessiter un arrêt ou une modification du traitement utilisé. Ces effets indésirables peuvent être la survenue d’une allergie avec apparition d’un érythème, ou peuvent se manifester par une toxicité (toujours réversible) au niveau du rein ou du foie, détectable par des prises de sang régulières. Au cours du traitement antibiotique, le patient est régulièrement suivi par un Infectiologue, qui sera réactif en cas de survenue d’effet indésirable pour examiner le patient et statuer sur l’arrêt ou la modification du traitement antibiotique. Ces effets indésirables graves, lorsqu’ils surviennent, sont systématiquement déclarés au Centre Régional de Pharmacovigilance.